La conférence “Savoirs – Croyances – Opinions”, organisée par l’Institut de Cancérologie de Lorraine et animée par Thomas Durand et Guillaume Lecointre, a exploré l’importance de distinguer les connaissances, les croyances et les opinions. Lecointre a proposé deux critères pour différencier ces types d’affirmations : le caractère collectif ou personnel de l’affirmation et la capacité à justifier rationnellement l’affirmation. La conférence a souligné l’importance de la vigilance face aux processus de “fabrication du consentement” pour maintenir l’intégrité du discours public.

 

La laicité tacite face à la science

Dans notre monde en constante évolution, l’importance de distinguer les savoirs des croyances n’a jamais été aussi cruciale. La tâche n’est certes pas facile, mais quelques critères de base peuvent nous aider à faire un premier tri, en déterminant ce qui doit (ou ne doit pas) être enseigné à l’école. C’est précisément le sujet d’une conférence récemment mise en ligne qui mérite notre attention.

Guillaume Lecointre et Thomas Durand discutant lors de la conférence 'Savoirs - Croyances - Opinions

T. Durand et G. Lecointre lors de la conférence sur les savoirs, croyances et opinions à Nancy.

 

Savoirs -Croyance – Opinions

Intitulée “Savoirs – Croyances – Opinions”, cette conférence a été organisée le 29 juin 2023 par l’Institut de Cancérologie de Lorraine. Elle accueille Guillaume Lecointre, un enseignant-chercheur systématicien qui est également professeur au Muséum national d’Histoire naturelle. La conférence était animée par Thomas Durand, cofondateur de l’Association pour la science et la transmission de l’esprit critique (ASTEC) et de la chaîne YouTube “La Tronche en biais”.

Dans cette conférence, Guillaume Lecointre souligne l‘importance de distinguer les connaissances, les croyances, les croyances religieuses et les opinions. L’auteur s’appuie sur les écrits de Condorcet, qui place les connaissances, en particulier scientifiques, au centre de l’éducation, et met en évidence le rôle de la raison comme outil d’émancipation. Lecointre ensuite propose deux critères pour différencier les connaissances des autres types d’affirmations : le caractère collectif ou personnel de l’affirmation et la capacité à justifier rationnellement l’affirmation.

 

Savoir et savoir scientifique

Pour lui, le savoir, et en particulier le savoir scientifique, est une construction collective, une production de groupes qui utilisent ce processus constant de justification. Même lorsqu’un scientifique travaille seul, ses découvertes sont soumises à l’évaluation de ses pairs avant d’être validées. De ce fait, la production de savoir est une entreprise collective et la validation du savoir scientifique est intrinsèquement collective. Il est lié à une justification : quand une personne affirme détenir un savoir, elle est en mesure de le justifier rationnellement devant ceux qui cherchent à en comprendre les fondements.

 

Croyance et croyance religieuse

Il discute ensuite du concept de croyance, soulignant qu’il est en premier lieu une forme de confiance. Il souligne l’importance de cette confiance pour le fonctionnement de la société, mais également la nécessité d’une confiance judicieuse. Il distingue également la croyance religieuse, qui se caractérise par un lien personnel avec la transcendance et un lien communautaire entre les coreligionnaires. Il met en lumière la tension entre la rationalisation des croyances religieuses et le caractère immuable de ces croyances. En effet, les savoirs scientifiques sont constamment remis en question et légitimés par cette remise en question constante, alors que les croyances religieuses tirent leur légitimité du fait que leurs affirmations sont traditionnelles et immuables.

Opinion, opinion publique et idéologie

L’opinion quant à elle est personnelle et se forme à partir de différentes sources d’information, dont certaines peuvent être justifiées par l’individu lui-même, tandis que d’autres sont basées sur la confiance envers d’autres personnes ou institutions. L’opinion est donc composite et peut comprendre des éléments de savoir, de croyance et de confiance. Enfin, il s’attaque à l’opinion publique qu’il qualifie d’idéologie, insistant sur le fait que celle-ci est construite et ne soit pas simplement le produit arithmétique des opinions individuelles. Il introduit le concept de “fabrication du consentement” et discute des techniques utilisées par l’idéologie pour se construire, comme le “cherry picking”. Guillaume Lecointre conclut en soulignant l’importance de rester vigilant face à ces processus pour maintenir l’intégrité du discours public.

Une classification via deux constantes

Un point très intéressant est son approche méthodologique pour différencier les connaissances des autres types d’affirmations, deux critères peuvent être utilisés : d’abord, est-ce que l’affirmation est faite collectivement ou personnellement (C ou P) ? Ensuite, est-ce que l’affirmation peut être justifiée rationnellement par la personne qui la fait, ou est-elle basée sur un principe d’autorité (J ou A) ?

En reprenant les différentes terminologies, on peut donc aboutir à ce tableau :

Tableau des critères différenciant les savoirs, croyances et opinions présenté par Guillaume Lecointre

Critères différenciant les savoirs des croyances et des opinions tels que présentés par G. Lecointre.

Conclusions

En conclusion, cette conférence “Savoirs – Croyances – Opinions”, tenue le 29 juin 2023 à l’Institut de Cancérologie de Lorraine, a offert un espace d’échange sur la distinction et l’interaction entre les savoirs, les croyances et les opinions. Animée par Thomas Durand, un militant actif pour la science et la transmission de l’esprit critique, et ayant pour invité principal Guillaume Lecointre, enseignant-chercheur et professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, la conférence a su mettre en évidence deux critères définissant clairement les frontières entre les savoirs, croyances et opinions. Ces critères, applicables à tous, pourraient aider à naviguer les débats et discussions diverses.

Affiche de la conférence 'La laïcité tacite des sciences' présentée par Guillaume Lecointre et Thomas Durand

Affiche de la conférence de G. Lecointre à Nancy

Pour tous ceux qui souhaitent approfondir leur compréhension du monde et la façon dont nos savoirs, croyances et opinions s’entrecroisent, cette conférence offre un éclairage pertinent et stimulant.

 


Pour une exploration plus approfondie, je ne peux que vous inviter à consulter la vidéo sur la chaine de La Tronche en Biais sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=R85Jxsqky_k .