Savez-vous comment un si petit animal arrive à produire un son aussi grave que le ronronnement ? La réponse se cache dans l’anatomie des cordes vocales du chat, comme le révèle cette étude.

 

Le doux ronronnement de nos chats fascine depuis toujours. Une récente étude lève enfin le voile sur le mystérieux mécanisme à l’origine de ce son si apaisant. Découvrez les surprenantes conclusions des chercheurs !

 

Un son unique dans le règne animal

Le ronronnement est une particularité fascinante des chats. Avec une fréquence très basse de 20 à 30 Hz, inhabituelle pour un si petit animal, il est présent dès la naissance et se perfectionne à l’âge adulte. Outre ses bienfaits apaisants pour le chat et son entourage, il intrigue les scientifiques depuis des décennies. Comment un animal de quelques kilos seulement arrive-t-il à produire un son aussi grave ?

 

Deux théories en compétition

Jusqu’à présent, deux grandes hypothèses s’affrontaient pour expliquer le ronronnement. La théorie la plus répandue, dite AMC (Active Muscle Contraction), postulait que le chat contractait volontairement les muscles de son larynx 20 à 30 fois par seconde, générant les vibrations caractéristiques du ronronnement.

L’autre théorie, dite MEAD (Myoelastic-Aerodynamic), considérait que le ronronnement reposait sur un mécanisme passif. Les oscillations des cordes vocales seraient simplement entraînées par le passage de l’air, sans nécessiter de contrôle nerveux, comme pour la plupart des vocalisations des mammifères.

Peu de preuves expérimentales permettaient de trancher entre ces deux hypothèses. C’est là qu’intervient l’étude autrichienne publiée début octobre dans ‘Current Biology’ , qui apporte des éléments décisifs en faveur de la théorie MEAD.

 

Une expérience surprenante sur des larynx de chats

Les chercheurs ont étudié des larynx de chats domestiques prélevés post-mortem. De façon étonnante, ils ont réussi à produire des sons similaires au ronronnement, sans aucune stimulation nerveuse ou contraction musculaire, simplement en faisant passer de l’air à travers les cordes vocales.

Ce résultat suggère fortement que le ronronnement ne nécessite pas de contrôle nerveux actif. Il serait en réalité produit par un mécanisme passif, les oscillations des cordes vocales étant entraînées par le simple passage de l’air, selon le principe MEAD.

 

Un “équipement spécial” dans les cordes vocales des chats

Mais comment expliquer que les chats arrivent à produire des sons aussi graves malgré leur petite taille ? L’étude révèle que leurs cordes vocales contiennent des amas de tissus conjonctifs spécialisés pouvant atteindre 4 mm de diamètre. Ces “coussinets” modifieraient les propriétés biomécaniques des cordes vocales, leur permettant de vibrer à très basse fréquence.

 

Anatomie cordes vocales chat

Anatomie des cordes vocales du chat domestique. (A) Données de tomodensitométrie (CT), coupe transversale (la ligne jaune mesure la longueur des cordes vocales membraneuses à 7,5 mm). (B) Représentation histologique du larynx n°7, coupe coronale au centre ventro-dorsal des cordes vocales. (C) Illustration schématique de l’image du panneau B ; La flèche ‘Pad’ indique ce « coussinet » présent sur les cordes vocales.

 

Les auteurs n’excluent cependant pas totalement la théorie AMC. Ils proposent que le ronronnement du chat repose probablement sur une combinaison des deux mécanismes : des oscillations passives amplifiées par un contrôle musculaire actif.

Un ronronnement à la fois passif et actif ?

Il pourrait y avoir une sorte de coexistence des deux mécanismes, à la fois passif et actif, où le mécanisme actif entraînerait et stabiliserait les vibrations passives des cordes vocales. Ce système couplé pourrait présenter des avantages énergétiques, car il est probablement beaucoup plus efficace d’entraîner un résonateur mécanique à sa fréquence de résonance que d’entraîner un système non résonant.

Des recherches complémentaires nécessaires

Cette étude récente apporte un nouvel éclairage sur la façon dont les chats domestiques produisent leur célèbre ronronnement. Elle montre que contrairement aux idées reçues, un mécanisme passif joue probablement un rôle clé, en synergie avec un contrôle musculaire actif.

Cependant, des recherches complémentaires, idéalement sur des chats vivants, seront nécessaires pour confirmer et préciser ces découvertes. Il reste aussi à élucider la fonction exacte du ronronnement pour le chat. S’agit-il uniquement d’un signe de contentement comme on le pense souvent, ou joue-t-il aussi un rôle d’apaisement et de guérison pour l’animal ?

 

Les bienfaits du ronronnement pour l’homme

Au-delà de son intérêt scientifique, le ronronnement du chat aurait aussi des effets bénéfiques pour l’homme. Des études suggèrent qu’il pourrait avoir un effet relaxant, diminuer le stress et l’anxiété, améliorer le sommeil et même accélérer la guérison.

C’est le principe de la “ronronthérapie”, de plus en plus utilisée dans les maisons de retraite, les hôpitaux ou même les “bars à chats”. Le ronronnement agirait en libérant des hormones du bien-être comme la sérotonine.

chat gris se faisant caresser main humaine

Chat ronronnant sous les caresses de son maître.

 

Alors n’hésitez plus à passer du temps avec votre chat, à le caresser et à l’écouter ronronner. C’est bon pour lui, et pour vous ! Et si vous n’avez pas la chance d’avoir un félin à la maison, il existe même des vidéos et des enregistrements de chats qui ronronnent sur Internet. De quoi profiter des bienfaits de la ronronthérapie à distance !

 

 


Pour une exploration plus approfondie, je ne peux que vous inviter à consulter l’article:

Article Source: Herbst CT, Prigge T, Garcia M, Hampala V, Hofer R, Weissengruber GE, Svec JG & Fitch WT, 2023. Domestic cat larynges can produce purring frequencies without neural input. Current Biology 33, 4727–4732. https://doi.org/10.1016/j.cub.2023.09.014