Votre santé dépend aussi de celle des animaux et de la planète. ‘One Health’, un concept novateur qui repense notre vision de la santé globale.
De nos jours, on entend souvent parler de termes comme « One Health » ou « Global Health ». Ces concepts sont devenus des buzzwords dans les discussions sur la santé publique, l’environnement et même la politique. Cependant, malgré leur popularité croissante, ces termes ne sont pas toujours clairement compris. Qu’est-ce que One Health exactement ? Comment se distingue-t-il de Global Health ? Et pourquoi ces concepts sont-ils si importants dans notre monde actuel ? Dans cet article, nous allons démystifier ces termes et explorer l’histoire et la signification de One Health, un concept qui pourrait bien être la clé de notre avenir sain et durable.
Qu’est-ce que ‘One Health’ ?
One Health’ est une approche qui reconnaît que la santé des êtres humains, des animaux et de l’environnement est interconnectée. C’est une philosophie qui nous encourage à voir notre monde comme un système complexe et interdépendant, plutôt que comme des éléments distincts.
Pour comprendre ‘One Health’, il est utile de penser à notre monde comme à un écosystème. Dans un écosystème, chaque élément – qu’il s’agisse d’un animal, d’une plante ou d’un cours d’eau – a un rôle à jouer. Si un élément de cet écosystème est perturbé, cela peut entraîner des répercussions sur l’ensemble du système.
Appliquée à notre santé, cette approche signifie que nous ne pouvons pas seulement nous concentrer sur la santé humaine sans tenir compte de la santé des animaux et de l’environnement. Par exemple, une maladie qui affecte les animaux peut se propager aux humains, comme cela a été le cas avec la grippe aviaire. De même, la pollution de notre environnement peut avoir des effets néfastes sur notre santé, comme l’asthme ou d’autres maladies respiratoires causées par la pollution de l’air.
La définition de ‘One Health’ nous dit que c’est une approche « intégrée et unifiante« . Cela signifie qu’elle cherche à rassembler différents secteurs – comme la médecine, la biologie, l’écologie et la sociologie – pour travailler ensemble à la résolution des problèmes de santé. L’objectif est d’équilibrer et d’optimiser de manière durable la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes.
En d’autres termes, ‘One Health’ ne se contente pas de traiter les symptômes d’un problème de santé. Elle cherche à comprendre les causes profondes de ces problèmes, qui sont souvent liées à la façon dont les humains, les animaux et l’environnement interagissent. En adoptant cette approche, nous pouvons non seulement améliorer notre santé, mais aussi celle des animaux et de l’environnement, tout en contribuant à un avenir plus durable pour tous.
Comment le définir ?
« One Health est une approche intégrée et unifiante qui vise à équilibrer et à optimiser de manière durable la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Elle reconnaît que la santé des humains, des animaux domestiques et sauvages, des plantes et de l’environnement plus large (y compris les écosystèmes) sont étroitement liées et interdépendantes.
L’approche mobilise plusieurs secteurs, disciplines et communautés à différents niveaux de la société pour travailler ensemble afin de favoriser le bien-être et de faire face aux menaces pour la santé et les écosystèmes, tout en répondant au besoin collectif de nourriture, d’eau, d’énergie et d’air sains, en prenant des mesures contre le changement climatique et en contribuant au développement durable. »
One Health High-Level Expert Panel (OHHLEP), Adisasmito WB, Almuhairi S, Behravesh CB, Bilivogui P, Bukachi SA, et al. (2022) One Health: A new definition for a sustainable and healthy future. PLoS Pathog 18(6): e1010537. https://doi.org/10.1371/journal.ppat.1010537
Schéma représentant les différents éléments interconnectés de l’approche One Health – l’environnement, les animaux, les humains, les communautés et la société.
L’histoire de One Health
L’idée que la santé humaine est liée à celle des animaux et de l’environnement n’est pas nouvelle. En fait, elle remonte à plusieurs siècles. Hippocrate, souvent considéré comme le père de la médecine, a écrit un traité en 400 avant J.-C. qui soulignait l’importance de l’environnement et du climat pour la santé humaine.
Cependant, le concept de ‘One Health’ en tant que tel a commencé à prendre forme au 19ème siècle avec l’émergence de la médecine vétérinaire. Les vétérinaires ont commencé à comprendre que certaines maladies pouvaient se propager des animaux aux humains, un concept connu sous le nom de zoonoses. Cela a conduit à des efforts pour contrôler et prévenir ces maladies, non seulement pour protéger la santé animale, mais aussi pour protéger la santé humaine.
Au 20ème siècle, avec l’émergence de nouvelles disciplines comme l’épidémiologie et l’écologie, la compréhension de l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale s’est encore approfondie. Cela a conduit à l’émergence de concepts comme l’éco-santé et la santé planétaire, qui mettent l’accent sur l’importance de l’environnement et des écosystèmes pour la santé humaine et animale.
C’est dans ce contexte que le concept de ‘One Health’ a été formalisé au début du 21ème siècle. En 2004, le ‘Wildlife Conservation Society‘ a organisé une réunion qui a abouti à la publication de la « Déclaration de Manhattan« , un document qui appelait à une approche ‘One Health’ pour prévenir les épidémies de maladies émergentes.
Depuis lors, l’approche ‘One Health’ a été adoptée par de nombreuses organisations internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Ces organisations reconnaissent que pour faire face aux défis sanitaires du 21ème siècle, comme les pandémies et le changement climatique, nous devons adopter une approche qui tient compte de l’interconnexion entre les humains, les animaux et l’environnement.
En 2022, le ‘One Health High-Level Expert Panel‘ (OHHLEP) a publié une nouvelle définition de ‘One Health’, qui met l’accent sur l’équilibre durable et l’optimisation de la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes. Cette définition reflète l’évolution de la compréhension de ‘One Health’ et souligne l’importance de l’approche pour faire face aux défis sanitaires actuels et futurs.
Il est important de noter que ‘One Health’ est un concept étroitement lié, mais distinct de ‘Global Health’. Alors que ‘One Health’ se concentre sur l’interconnexion entre la santé humaine, animale et environnementale, ‘Global Health’ se concentre sur l’amélioration de la santé et de l’équité en matière de santé pour toutes les personnes dans le monde, indépendamment de leur lieu de résidence. Cependant, les deux concepts partagent un engagement commun envers une approche interdisciplinaire et collaborative pour améliorer la santé.
L’importance de One Health
L’approche ‘One Health’ est essentielle pour plusieurs raisons.
Premièrement, elle nous permet de répondre plus efficacement aux menaces sanitaires à l’échelle mondiale. Les maladies ne connaissent pas de frontières et peuvent facilement se propager entre les animaux, les humains et l’environnement. En adoptant une approche ‘One Health’, nous pouvons mieux surveiller, prévenir et répondre à ces menaces.
Deuxièmement, ‘One Health’ est crucial pour la préservation de la biodiversité. Les écosystèmes sains sont essentiels pour la santé des animaux et des humains. En protégeant la santé des écosystèmes, nous protégeons également notre propre santé.
Un exemple concret de l’application de ‘One Health’ est la lutte contre la rage. Cette maladie zoonotique mortelle touche à la fois les animaux domestiques et sauvages, ainsi que les humains. Grâce à une approche coordonnée entre les secteurs vétérinaire, médical et environnemental, des programmes de vaccination des chiens, de surveillance et d’éducation ont permis de réduire drastiquement les cas de rage humaine dans certaines régions.
Troisièmement, ‘One Health’ est une approche durable pour la santé. Elle reconnaît que la santé à long terme des humains, des animaux et de l’environnement dépend de l’équilibre et de l’optimisation de ces trois éléments. En adoptant cette approche, nous pouvons contribuer à un avenir plus sain et plus durable pour tous.
Enfin, ‘One Health’ favorise la collaboration et la coopération entre différents secteurs et disciplines. En travaillant ensemble, nous pouvons trouver des solutions plus efficaces et durables aux problèmes de santé. C’est une approche qui reconnaît que nous sommes tous dans le même bateau quand il s’agit de santé – et que nous devons tous travailler ensemble pour naviguer dans les défis à venir.
L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014 illustre les bénéfices de ‘One Health’. En impliquant dès le début des experts en santé humaine, animale et environnementale, on a pu mieux comprendre les voies de transmission du virus entre les populations humaines et animales, sensibiliser les communautés et mettre en place des mesures de contrôle plus efficaces pour enrayer la propagation.
Professionnels de la santé en combinaisons de protection intégrale prodiguent des soins à un patient dans une unité de confinement biologique pour maladie à haut risque.
One Health et les grandes instances mondiales
L’importance de l’approche ‘One Health’ est de plus en plus reconnue par les grandes organisations internationales. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) ont intégré cette philosophie dans leurs initiatives et programmes.
L’OMS utilise ‘One Health’ pour le contrôle complet des maladies, de la prévention à la gestion, contribuant ainsi à la sécurité sanitaire mondiale. La FAO promeut cette approche pour une transformation durable des systèmes agroalimentaires, bénéfique pour la santé humaine, animale, végétale et environnementale.
Ces organisations collaborent au sein du Quadripartite (FAO, PNUE, OMS, OIE) pour mettre en œuvre conjointement le Plan d’action ‘One Health’. Le Groupe d’experts de haut niveau (OHHLEP) fournit des conseils scientifiques et politiques sur les défis ‘One Health’.
Cette reconnaissance croissante par les instances mondiales souligne l’importance de l’approche ‘One Health’ pour relever les défis sanitaires actuels et futurs de manière durable.
Bâtiment de l’Organisation Mondiale de la Santé aux Nations Unies.
Conclusion
L’approche ‘One Health’ est une philosophie essentielle pour notre monde interconnecté. Elle reconnaît que la santé des humains, des animaux et de l’environnement est étroitement liée et nécessite une collaboration entre différents secteurs et disciplines. Les grandes instances mondiales comme l’OMS, l’OIE et la FAO ont toutes adopté cette approche et l’ont intégrée dans leurs initiatives et programmes.
Chacun de nous peut contribuer à soutenir l’approche ‘One Health’. Cela peut être aussi simple que de prendre soin de notre environnement local, de soutenir des pratiques agricoles durables, ou de promouvoir une utilisation responsable des antibiotiques. Nous pouvons également nous informer et informer les autres sur l’importance de ‘One Health’, et soutenir les politiques et les organisations qui adoptent cette approche.
Pour en savoir plus sur One Health, voici quelques ressources supplémentaires :
- Organisation Mondiale de la Santé (OMS) – One Health
- Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) – One Health
- Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) – One Health
- Centers for Disease Control and Prevention (CDC) – One Health
- One Health Commission
Ensemble, nous pouvons faire une différence pour la santé de notre planète et de tous ses habitants.
Pour une exploration plus approfondie, je ne peux que vous inviter à consulter l’article:
Article Source: One Health High-Level Expert Panel (OHHLEP), Adisasmito WB, Almuhairi S, Behravesh CB, Bilivogui P, Bukachi SA, et al. (2022) One Health: A new definition for a sustainable and healthy future. PLoS Pathog 18(6): e1010537. https://doi.org/10.1371/journal.ppat.1010537
science & parasites
Commentaires récents