Et si un simple traitement avant le déplacement des moutons pouvait faire reculer drastiquement la gale ovine ? Une étude révèle une stratégie aussi efficace que prometteuse.
La gale ovine, cette maladie qui impacte des éleveurs de moutons, pourrait bien avoir trouvé son maître. Une récente étude vient en effet de mettre en lumière une stratégie pour endiguer la propagation de ce parasite : traiter les animaux avant leurs déplacements. Décryptage d’une découverte prometteuse qui pourrait changer la donne dans la lutte contre cette pathologie.
La gale ovine, un problème majeur dans les élevages
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, faisons un rappel sur cette maladie qui impacte la vie de nombreux éleveurs ovins. La gale du mouton est une affection cutanée très contagieuse causée par un acarien microscopique, Psoroptes ovis. Ce parasite provoque d’intenses démangeaisons, des lésions de grattage et une inflammation de la peau. Résultat : les animaux sont en souffrance, leur bien-être est altéré et leurs performances (gain de poids, qualité de la laine) chutent. Un cocktail détonnant qui se traduit par de lourdes pertes économiques pour les éleveurs.
Malgré les efforts déployés pour contrôler cette maladie, la gale ovine reste un problème récurrent dans de nombreux troupeaux. Sa transmission d’un animal à l’autre, et d’un élevage à l’autre, est facilitée par les contacts directs entre moutons, mais aussi indirectement via l’environnement contaminé (litières, équipements, véhicules…). Une propagation d’autant plus sournoise qu’elle peut passer inaperçue au début de l’infestation.
Face à ce constat, il est clair que des stratégies de lutte efficaces et ciblées sont plus que jamais nécessaires pour enrayer la progression de la gale ovine. C’est justement ce que les chercheurs de cette nouvelle étude ont voulu explorer.
Une étude révèle l’intérêt du traitement avant déplacement
Mais alors, comment enrayer efficacement la propagation de ce fléau ? C’est la question à laquelle une équipe de chercheurs a voulu répondre en se penchant sur une stratégie ciblée : le traitement des moutons avant leurs déplacements.
Pour ce faire, ils ont utilisé un modèle mathématique capable de simuler la transmission de la gale ovine à l’échelle de la Grande-Bretagne. Ce modèle prend en compte les déplacements réels de moutons enregistrés en 2010, ce qui lui confère un grand réalisme.
Trois scénarios ont été testés : le traitement des animaux avant leur déplacement vers des rassemblements (marchés, foires…), avant leur vente directe à une autre exploitation, ou avant leur départ en pâturage éloigné. Les chercheurs ont aussi fait varier la proportion d’élevages qui adhèrent à cette pratique de traitement, de 10% à 100%.
Les résultats sont sans appel : traiter les moutons avant de les emmener à des rassemblements s’avère être la stratégie la plus payante. Lorsque tous les élevages le font, on observe une réduction drastique de 86% de la prévalence de la gale à l’échelle nationale. C’est bien plus efficace que les traitements avant vente ou avant départ en pâturage éloigné.
Mais le plus encourageant, c’est qu’il n’est pas nécessaire que tous les éleveurs jouent le jeu pour commencer à voir des effets bénéfiques. Même si seulement 15% des exploitations traitent avant les rassemblements, cela permet déjà de diminuer de moitié le nombre de foyers de gale. Bien sûr, plus l’adhésion est forte, plus l’impact est important, mais chaque participation compte.
Ces résultats mettent en lumière le rôle clé que jouent les rassemblements de moutons dans la transmission de la gale. Ces lieux où les animaux de différentes provenances se côtoient de près sont de véritables plaques tournantes pour les acariens responsables de la maladie. En ciblant des traitements avant ces événements à haut risque, on maximise leurs bénéfices.
Bien entendu, cette étude a ses limites, notamment sur les hypothèses de l’efficacité des traitements utilisés et l’absence de certains types de déplacements dans les données. Mais elle ouvre une piste très prometteuse pour optimiser la lutte contre la gale ovine, en complément d’autres approches.
Vers une stratégie intégrée de lutte contre la gale ovine
Les résultats de cette étude ouvrent des perspectives intéressantes pour optimiser la lutte contre la gale du mouton. Plutôt que de se focaliser sur une seule approche, il apparaît judicieux de combiner intelligemment plusieurs leviers d’action.
Le traitement avant déplacement vers les rassemblements semble être un pilier incontournable de toute stratégie future. Mais on pourrait encore renforcer son efficacité en le couplant à une prise en compte d’autres facteurs de risque bien identifiés. Par exemple, cibler en priorité les traitements sur les élevages situés dans des zones géographiques à forte prévalence, ceux qui pratiquent la mise en commun de pâturages ou ceux ayant déjà connu des épisodes de gale par le passé.
Cette approche sur-mesure permettrait de concentrer les efforts là où ils sont le plus nécessaires. Un peu comme un médecin adapterait son traitement en fonction du profil et des antécédents de son patient. L’idée n’est pas de traiter aveuglément tout le cheptel, mais bien d’être le plus efficace possible en utilisant les bons outils au bon endroit et au bon moment.
Bien sûr, cette étude comporte certaines limites qu’il faut garder à l’esprit. Le modèle mathématique utilisé fait des hypothèses sur l’efficacité des traitements antiparasitaires et ne prend pas en compte certains types de déplacements de moutons, faute de données disponibles. Autant de points qui mériteraient d’être affinés pour avoir une vision encore plus réaliste des dynamiques de transmission.
Mais le message central reste clair: en combinant intelligemment plusieurs approches ciblées, dont le traitement avant déplacement vers les rassemblements, on tient une piste pour faire reculer durablement la gale ovine. La clé du succès réside dans une stratégie intégrée et sur-mesure, adaptée aux réalités du terrain.
Conclusion
Pendant trop longtemps, malgré les efforts déployés, la prévalence de la gale ovine n’a cessé de progresser. Mais aujourd’hui, grâce à une meilleure compréhension des mécanismes de transmission et à des outils de modélisation de plus en plus performants, de nouvelles pistes se dessinent.
Parmi elles, le traitement ciblé des moutons avant leur déplacement vers des rassemblements apparaît comme une stratégie particulièrement prometteuse. En agissant de façon préventive à ces moments clés où le risque de transmission est maximal, on peut espérer casser les chaînes de contamination et faire enfin reculer la maladie.
Mais pour transformer l’essai, la mobilisation de tous sera essentielle. Éleveurs, vétérinaires, chercheurs, décideurs… C’est en combinant intelligemment différents leviers d’action que nous pourrons relever ce défi. Chaque élevage qui s’engagera dans cette démarche, en traitant ses animaux avant de les emmener sur des rassemblements, apportera sa pierre à l’édifice.
Pour une exploration plus approfondie, je ne peux que vous inviter à consulter l’article:
Article Source: Katie Lihou, Richard Wall & Emily Nixon. 2023. Parasites & Vectors 16:436 https://doi.org/10.1186/s13071-023-06044-0
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